À l’approche de la CAN 2025, le Cameroun avance avec un visage paradoxal. Sur le papier, les Lions Indomptables restent une valeur sûre du football africain. Mais dans les faits, leur dynamique récente raconte une histoire plus nuancée, faite à la fois de garanties solides et de situations troublantes.
Les éliminatoires de la CAN ont offert une image rassurante du Cameroun. L’équipe a montré une capacité à gérer les rendez-vous continentaux avec sérieux, en s’appuyant sur une base défensive stable et une certaine maturité collective. Dans un contexte africain souvent imprévisible, cette maîtrise reste un atout majeur. Le Cameroun a donné l’impression de savoir exactement ce que demande une campagne de qualification.
À l’inverse, le parcours dans les éliminatoires de la Coupe du monde a mis en lumière des fragilités plus profondes. Sur la durée, les Lions ont parfois semblé manquer de constance, notamment dans leur capacité à imposer leur jeu face à des adversaires organisés. Ces difficultés n’ont pas seulement été tactiques : elles ont aussi révélé un manque de sérénité dans la gestion des moments clés, un point qui interroge à l’approche d’un tournoi aussi exigeant que la CAN.
C’est dans ce contexte déjà contrasté qu’est venue s’ajouter une liste de joueurs au caractère inédit. Jamais ces dernières années le Cameroun n’avait abordé une grande compétition avec autant de choix forts. L’absence de figures historiques, longtemps considérées comme indiscutables, marque une rupture claire. Le sélectionneur a assumé une volonté de renouvellement, misant davantage sur la fraîcheur, l’engagement et l’adhésion au projet collectif que sur le statut ou l’expérience passée.
Cette liste pose forcément question. Elle peut être perçue comme un risque, tant l’expérience compte dans une CAN. Mais elle peut aussi être interprétée comme un signal encourageant : celui d’un Cameroun qui accepte enfin de se réinventer. Les nouveaux visages auront moins de poids sur les épaules, moins d’héritage à défendre, et peut-être plus de liberté pour s’exprimer.
Ainsi, le potentiel du Cameroun à la CAN 2025 se situe précisément dans cette zone d’équilibre fragile. Les Lions disposent encore de fondamentaux solides et d’une culture de la compétition bien ancrée. Mais leur parcours dépendra de leur capacité à transformer cette transition imposée en force collective. Entre doutes légitimes et espoirs mesurés, le Cameroun avance sans certitude, mais jamais sans ambition